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  • Photo du rédacteurDelphine Kestemont

À toi qui souhaites mon échec

À toi l’amie qui souhaite que j’arrête de perdre du poids, parce sinon “je vais être plus mince que toi” : j’aimerais que tu te taises et que tu remettes en question ton sens de l’amitié.


À toi, le compagnon qui refuse de m’encourager, parce qu’en étant plus mince et mieux dans ma peau, “je vais forcément vouloir mieux que toi et te quitter” : J’aimerais que tu te taises et que tu travailles ta confiance en toi (et en nous).


À toi l’ami qui « attend de voir » parce que j’ai déjà essayé « mille fois » et que « tu ne me crois plus » : soit tu m’encourages, soit tu te tais. Focalise-toi sur ta bedaine, et rappelle-toi que le vrai échec, c’est de ne pas essayer.


À toi, l’ami qui m’offre un verre mais qui te vexe si je bois moins d’alcool que toi : J’aimerais que tu te taises et que tu réfléchisses à ton problème de boisson, plutôt qu’à mes choix de vie.


À toi, l’amie toute mince qui m’encourage alors que, parmi tous mes proches, tu es celle dont je n’attendais rien, je m’excuse d’avoir douté de toi et de ta bienveillance sur ce sujet, sous prétexte que tu ne connais pas les problèmes de poids.


À toi, maman, qui trouve qu’il était temps que je perde du poids, parce qu’avant, “tu n’osais pas me le dire mais tu me trouvais vraiment vraiment grosse” : J’aimerais que tu te taises.


À toi, l’amie qui trouve que j’ai pris 10 ans depuis que j’ai perdu du poids, que je suis maintenant toute fripée, alors que j’avais un si joli visage quand j’étais obèse : j’aimerais que tu te taises.


À toi qui passes chaque minute à me parler de nourriture, de régimes et de tes lectures.


Toi qui m’assommes de tes mille conseils non-sollicités, j’aimerais qu’on parle d’autre chose, comme avant, car je ne suis pas « qu’un régime ».


À toi, qui me fait du chantage d’amitié, sous prétexte que « pour toi » je peux bien faire un écart : j’aimerais que tu comprennes que non, je ne grossirais pas, « juste » pour te prouver que tu comptes pour moi.


À vous tous, qui avez (un jour) osé croire, que vous aviez le droit de me donner votre avis sur ma vie, sans que je vous le demande.


À vous qui scrutez mes fesses autant que le contenu de mes assiettes, comme si votre bien-être dépendait de ma fourchette.


Oui, à vous tous, qui préférez peut-être (sans doute ?) parler de moi pour éviter qu’on ne regarde ce qui se passe chez vous, au fond....


A l’avenir maintenant, soit vous me soutenez, soit vous vous taisez.


Mais ceux qui continuent de douter, de critiquer, sous couvert d’une fausse bienveillance ou d’un mauvais humour, ne soyez pas étonné que je vous laisse sur le bord du chemin.


Il n’y a pas que les kilos que j’abandonne, je lâche aussi les boulets.

Cet article a été écrit en hommage à toutes mes patientes, qui tentent (du mieux possible) de faire face et de rester digne face à leurs boulets.


Pour toutes les larmes versées en secret.


Je vous admire, vous êtes et resterez mes héroïnes ordinaires.

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